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Bruno Laborde

Corto Maltese en ces terres…

En des temps plus reculés j’aurais eu plaisir à vous entretenir de Corsaires ; là, adossé à un palmier sur cette plage de Grand-Bassam, sur ces rivages nimbés d’humidité, non loin de là où le wharf se tenait jadis fièrement, tel un ancrage, un cordon entre le monde du marin et celui de l’humain.

L’Humain justement, cet aléa imprévisible qui au cours de chaque guerre a déjoué tous les pronostics, démonté toutes les stratégies à cause ou grâce à cette précieuse imprévisibilité; ainsi ce n’est pas parce que les choses sont énoncées qu’elles en deviennent une vérité ou même qu’elles existent…

Les plus puissants Royaumes ou Empires ont dû, un jour où l’autre composer avec l’humain, l’arrogance et le déni ne menant au final que plus haut que les autres, la tête au bout d’une pique…


Ces rivages, ces lagunes, ces wharfs sur lesquels les Corsaires cherchaient fortune, à la fois guerriers et aventuriers, explorateurs et baroudeurs, ils ont au final inspiré des générations à chercher fortune et réussite et cette génération n’y a pas échappé non plus ;

Et nos Corsaires donc, revenons-en à la genèse avant que de s’égarer dans certaines contrées pleines d’infamie et de fourberie.

Un corsaire était une personne, le plus souvent l'armateur, le capitaine ou le membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisée par une lettre de marque (également appelée « lettre de commission » ou « lettre de course ») à attaquer en temps de guerre, tout navire battant pavillon d'États ennemis ; particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires.


Il ne faut donc pas confondre les corsaires avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Capturés, ils ont droit au statut de prisonnier de guerre. Les corsaires sont donc des civils mandatés par « lettre de course » délivrée par les autorités de leur nation qui, en temps de guerre, combattent d'une façon indépendante, avec un statut équivalent aux militaires, mais sans être rattachés à un état-major, tout en obéissant aux lois de la guerre. Les corsaires respectaient les vies et les biens personnels ; seul le navire et sa cargaison faisaient l'objet de la prise, la lettre de marque reçue de l'État pour « courir sus aux navires ennemis » devenait caduque dès l'arrêt des hostilités. En cas de défaite, cette lettre était donnée au vainqueur, attestant de la mission donnée par le Roi, évitant la pendaison immédiate pour piraterie.

S'il y avait possibilité de s'approcher du navire ennemi par ruse en arborant un pavillon neutre ou allié, il y avait néanmoins une « obligation » de hisser, à partir d'une certaine distance, le pavillon véritable. En cas contraire, il s'agissait d'une traîtrise.

Lors de la prise d'un navire anglais, le capitaine de celui-ci toisa le célèbre corsaire Français Surcouf et déclara : « Vous les Français vous vous battez pour l'argent, nous les Anglais nous nous battons pour l'honneur. » À cela, Surcouf répondit : « Vous avez raison capitaine, chacun se bat pour ce qu'il n'a pas ! ».

Quelques siècles plus tard, les marins ont changé, le Monde a changé, les règles même de la Guerre, des Guerres ont changé, radicalement, drastiquement. Et pourtant, sur tous les rivages de la planète vous croiserez, si vous savez les observer, des dignes fils et filles de ces Corsaires, des Corto Maltese, désormais plus aventuriers que guerriers car nourris par d’autres valeurs, poussés vers d’autres rivages.

Corto Maltese, célèbre personnage d’Hugo Pratt né sur l'île de Malte en 1887, d'une mère gitane (la Niña de Gibraltar) et d'un père britannique, Corto Maltese est un capitaine de la marine marchande et un grand aventurier. Ses périples le mènent à Antigua, à Hong Kong, ou à Venise. C'est une sorte d'antihéros, solitaire, individualiste et ironique. Il se définit lui-même comme un gentilhomme de fortune. Corto Maltese fait souvent preuve d'une noble désinvolture, ses aventures le mèneront en différents lieux exotiques du monde au travers des océans et rivages du début du XXe siècle.

« … Je ne suis pas un héros, j’aime voyager et je n’aime pas les règles, pourtant il en est une que je respecte, celle de ne jamais trahir mes amis. je suis parti à la recherche de bien des trésors sans jamais en trouver un seul, mais je continuerai sans relâche, vous pouvez y compter, toujours de l’avant… » Corto Maltese.

Ainsi donc nous voici, des siècles plus tard entre Corsaires et aventuriers au petit matin avec leurs héritiers spirituels en quête d’un sens à donner à leur parcours dans cette époque, les voici réunis une fois de plus pour faire montre de leur maîtrise et de leur combativité, prêts à se battre au premier sang et à en rire l’espace d’un instant, prêts à découvrir les forces et les failles de leur adversaire du jour pour mieux affiner leur art propre, leurs anciennes lettres de crédit en poche ils ont à cœur de démontrer leur légitimité et leurs émotions, ils viennent dire Haut et Fort qui ils sont et d’où ils viennent.


Et dans chacun de nos applaudissements, dans chaque encouragement, au son de chaque acclamation fera écho le chemin parcouru, le temps passé, la fierté méritée et pour chacun d’entre eux, la dignité retrouvée.

En des temps plus reculés j’aurais donc eu plaisir à vous entretenir de corsaires mais à cet instant, ce dimanche-là, adossé à ce palmier, au son lancinant des coups de boutoirs du ressac qui, tel un métronome, martèle le sable, quelques sons mécaniques ne tardaient pas à retentir dans le lointain, discordants face à ceux de l’océan, sons rageurs, éruptifs, sourds…

L’appel au combat, le ralliement des hordes hirsutes et déjà échauffées par le soleil, ceux-là même qui allaient croiser le fer, dignes héritiers de ces Corsaires qui écumaient, un à un, les comptoirs et leurs rivages exotiques. Ils sont là ces fiers descendants rendus plus nobles et vaillants par ces années, ces décennies, ces siècles d’affrontements et de guerres, ils amenaient désormais une touche d’humanisme et d’esprit chevaleresque à leur combats, imposant désormais dans le chaos des distants affrontements et le fracas des mots leur loi sacrée et ses règles d’engagement du combat et de respect de l’adversaire.

Autrefois Bannis, Honnis, ils étaient pourtant bien là, fiers et hardis, prêts à en découdre et à montrer leur art ancestral du combat au termes de joutes qui s’annonçaient épuisantes et brûlantes au sein de cette arène Bassamoise.


Alors, au son de cet appel, comme l’aurait probablement fait Corto Maltese, je me suis levé et ai repris le chemin des terres, histoire de voir ce qu’avaient vraiment dans le ventre ces Corsaires du SSV Racer, réunis ce jour là sur ce rivage d’Afrique de l’Ouest, ancien comptoir et première capitale de la Côte d’Ivoire :

Allez-y, affrontez-vous, livrez combat, repoussez les limites, faites nous vibrer à en rougir d'avoir ressenti de telles émotions, Soyez vaillants et que le meilleur d’entre vous l’emporte !!!


 

“…It is all I have lost that has set me free…”

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